Les fleurs désirent le sang.

J'ai écrit cette nouvelle pour un concours sur le théme : nouvelles policières. Ca faisait un bail que je ne l'avais pas relue alors pour fêter ça j'ai décidé de la poster ici Bonne lecture !





Les fleurs désirent le sang.




Je l’aimais, j’étais son esclave, son ombre, l’air qu’elle respirait mais elle l’ignorait. Non en fait je crois qu’elle le savait mais ma passion n’avait d’égal que son indifférence. Même si mon rôle consistait à faire parti du décor cela ne me dérangeait pas. Du moment qu’elle me laissait respirer son parfum, entendre sa voix, être traité en animal de compagnie me laissait de marbre. Cependant j’étais persuadé qu’un jour cela évoluerait, qu’elle se rendrait compte que, non seulement j’étais humain, mais aussi que je lui étais indispensable. Je ne m’étais pas trompé.



Cette nuit là même l’odeur de l’air avait quelque chose de spécial, un arrière gout d’inattendu et de tragédie. Comme à l’accoutumée j’étais à une distance respectable d’elle et de sa peau de pêche, nous étions seuls dans la rue et elle sifflotait gaiement. Nous n’étions plus qu’à quelques centaines de mètres de chez elle, le moment de nous séparer était proche mais la certitude de la revoir le lendemain tenait en respect les tenailles de l’angoisse.



Je la buvais du regard, sa robe à fleurs, ses cheveux auburn volant au vent, je m’efforçais de tout graver dans ma mémoire lorsqu’il arriva. L’homme au regard fou et au couteau étincelant. Il avait surgit de la ruelle et sauté sur elle, dépravant son corps de ses mains souillées. Il ne m’avait pas vu, tout entier plongé dans la contemplation du visage effrayé de mon amour. L’acier inoxydable de son couteau mordit sa peau douce et la première goutte de sang sonna le glas de l’homme. Armé d’une pierre que la folie avait fait naître dans ma main, je l’assommai avec assez de force pour qu’un liquide carmin jaillisse de son crâne. Il s’effondra face contre terre, son visage lavé par son sang expiateur.



Elle était toute tremblante et de ses yeux de jade des larmes perlèrent. Elle ne sifflotait plus, ne riait plus, alors pour la consoler je la pris dans mes bras pour l’emmener chez elle en la berçant de mots tendres.


Les jours suivants furent pour moi une explosion de félicité. Entièrement redevable envers son sauveur, elle me donna la vie. Elle se pendait à mon bras dès que la situation lui en donnait l’occasion, parsemait mon visage de baisers aussi légers qu’une plume. D’esclave j’étais devenue maître et à présent elle était mienne, sans qu’elle le sache je l’avais enchainée à moi. Mais elle n’était pas docile, un mois plus tard elle évitait mon regard, se soustrayait à ma présence et me fuyait en prétextant un devoir chimérique. Ce brusque retrait me fit mal. J’avais parfaitement conscience que son cœur commençait à papillonner vers d’autres et que ses lèvres, avides, s’empressaient de suivre le mouvement. Je lui pardonnais ses écarts, de toute façon elle revenait toujours à moi, j’étais le détenteur de ses chaînes et elle en prenait conscience petit à petit. Persuadé de cela, je lui laissais assez de liberté pour qu’elle puisse voleter près des autres… Cette erreur, elle me percuta de plein fouet un jour.



Il était grand, plein de la suffisance que lui conférait sa gueule d’ange et ses boucles blondes. Dans ses bras elle mimait à la perfection l’ingénue qui ignorait tout de l’amour. En réalité elle l’aguichait, collait son corps, celui qui m’appartenait, contre le sien, ses yeux quémandant ardemment un baiser. Elle offrait à un autre ce qu’elle n’était pas en mesure de donner, elle cédait ma propriété à un bellâtre qui n’avait que faire de son âme. La rage me submergea avec une violence qui teinta ma vision de carmin, je serais les poings tellement forts que des gouttes de sang coulèrent le long de mes doigts. Cette odeur, mélange de rouille et de vengeance, s’empara de moi et là, dans ce parc aux arbres en fleurs, je supportai la vision de mon amour avec un autre comme un supplice.







- C’est pour ça que vous l’avez tuée ?



Je regardai en souriant les menottes qui entravaient mes poignets. Diamant éclatant dans un fourreau de ténèbres. L’acier mat dans une salle aux murs ébène. J’avais raconté mon histoire à moitié plongé dans une transe écarlate. Même maintenant, après l’arrestation, les deux jours d’interrogatoire, la nuit sur une couchette plus dure que la roche je savourais la vision de son corps couvert de rouge et de son cri figé dans l’éternité. A présent j’en étais sûr, j’aurais dû le faire depuis longtemps. A l’instar des roses piégées dans la résine je l’avais immortalisée dans le sang. Jamais elle n’avait été aussi belle.
- Oui monsieur le policier mais elle était à moi et j’étais dans mon droit. Et puis c’est elle qui a voulu devenir belle, je n’ai fait qu’exaucer sa volonté.

Coucou ^^
Je suis ravie de voir que tu te débrouille aussi bien dans un genre différent, ça ne m'étonne pas mais bon... ça change beaucoup de ce que j'ai l'habitude de lire de toi mais j'aime tout autant. C'est très fort en émotions et tu as vraiment bien joué dessus. Ça a un côté poétique je trouve. C'est très, très, très beau

Bon alors par quoi commencer ? Le titre. J'aime beaucoup cette petite phrase. Non seulement elle est très belle est très forte, mais en plus elle va bien à ton écrit, bien qu'on ne comprenne pas vraiment le lien avant de lire. C'est très beau comme image.
Ensuite et bien, on ne s'attend pas vraiment à la fin, ce qui est déjà beaucoup !
J'aime particulièrement ton style d'écriture dans cette nouvelle. Il y a un truc très beau, je n'arrive pas à mettre le doigt dessus, sans toute les images que tu fais, les jeux d'émotion.

Le premier paragraphe est un peu flippant je l'avoue, ça fait vraiment psychopathe accroc. Le truc super rassurant quoi En revanche tu transcris vraiment bien les pensées de ce cinglé, on sent bien qu'il la prend pour une divinité... qui lui est dédié.
Le second paragraphe est pire : il l'a file, franchement c'est super inquiétant mais j'aime bien la description de l'atmosphère. L'angoisse du lecteur (allias : moi ^^) grimpe.
La description de l'attaque est juste fantastique, elle parait réelle, on dirait juste qu'elle se déroule sous nos yeux. J'aime bien le paradoxe du "cette homme est fou", "moi animé par la folie". Il se prend pour un héro, mais on dirait quand-même qu'il se rend compte qu'il n'est pas très net dans sa tête.
J'aime bien l'accélération ensuite. On ne s'attarde pas sur le passage où elle se sent redevable, sans doute que c'est trop douloureux à raconter, hop on repasse du côté de la folie.
Et le regard qu'il porte à ce nouveau amant est vraiment génial, tout a fait subjectif, à l'image de cet homme harceleur.
Et cette chute est vraiment inattendue, et ne même temps logique. Ces dernières pensées envers elle font vraiment réaliste, à croire que tu as demandé toi-même les pensées d'un sadique du genre. Les mots pour décrire ça sont vraiment très bien choisit, faire preuve d'un tel détachement et d'une suffisance de son acte, presque une fierté, et le voir comme un cadeau, colle super bien a l'idée qu'on vient de se faire tout le long de ce personnage totalement dégénéré.

Une fois de plus je te tire mon chapeau, c'est absolument grandiose.
Bisous
chacha

Merci beaucoup Chacha pour ton commentaire ! Y a pas à dire, on te changera jamais, pour toi un commentaire, c'est un commentaire ! Je suis contente que ce style t'ait plu ! A vrai dire j'écris souvent des nouvelles, quand j'ai envie d'une petite histoire ou que je suis inspirée par quelque chose en particulier, promis j'en posterai plus

Oh mais de rien ^^
euh =/ un peu oui mais en même temps je suis un peu trop bavarde l'avantage c'est que du coup pour les commentaire de texte en français je me débrouille bien d'office
quoi ? tu en écris souvent et tu n'en as jamais postée avant j'y compte bien !
C'est vrai que c'est pratique les nouvelles, courts donc pas besoin de s'investir énormément, et puis quand tu as une petite inspiration comme ça et bien c'est toujours bien ^^

Wouah! Alors là, si je m'attendais à ça! Je pense que Chacha a fait le tour de la nouvelle, je sais pas trop quoi rajouter. J'aime bien ton style d'éciture, la chouette l'a déjà dit, mais ça a un coté poétique qui rend le texte vraiment beau. Je suis bluffée là.

Chacha : Oui c'est pour ça que j'adore les nouvelles ! Et puis des fois en cours le professeur dit une phrase qui donne plein d'idées et vite, il faut en faire quelque chose On se sent tellement libre avec ce genre là


May : (désolée, je reprends la vieille habitude des pseudos ) Merci beaucoup ! Je suis contente que ça te plaise ! A l'époque j'avais été un peu triste parce que le concours avait été qu'une histoire de "vote pour moi" et certains m'avaient mis une mauvaise note juste parce que j'étais deuxième Au final j'ai fini troisième à égalité avec quelqu'un d'autre mais j'étais tellement blasée...

oui... ou bien moi ça me fait souvent ça sur le chemin pour rentrer chez moi, ou en partant... hop j'ai une idée qui me traverse l'esprit du coup je suis obligée de faire quelque chose avec et puis ensuite je travaile autour ^^ (tout ça en marchant ! )