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 La fille du vent

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Lena S.
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Lena S.


Messages : 14
Date d'inscription : 11/10/2012

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MessageSujet: La fille du vent   La fille du vent EmptyMar 30 Oct - 20:48

Bonjour,
Je l'admets, je publie cette nouvelle pour surtout avoir des avis, car je n'ai pas réusssi à la terminer correctement et j'ouvre le fichier tous les jours sans considérer qu'elle est finie.
Est-elle suffisante ainsi ? Y'a-t-il des choses à redire ? Bref, lAChéé vos ComS (non je plaisante).

Note : je n'ai aucune tentation pédophile, malgré l'âge de l'héroïne. Ceci n'est qu'un écrit - et c'est tellement soft que je n'y vois pas de raison de choquer. Mais bon. Vous êtes prévenus.

.

LA FILLE DU VENT

.

Un jour, il y’a eu cette robe, il y’a eu cette nuit d’août et cette pluie d’été.

Il ne s’en souvient pas très bien. Tout se perd peu à peu dans les méandres de sa mémoire, au fur et à mesure des années. Elle ne se rappelle à lui qu’une fois par an, lorsqu’il fait du ménage dans ses affaires.

Il tombe dessus, un peu par hasard. Quelqu’un l’a placé là, ou peut-être est-ce lui-même, qu’en sait-il ? La boîte craque lorsqu’il s’en saisit. Entre ses mains tout ce marron se déverse, et voilà tous ces morceaux de passé en vrac sur le parquet ciré.

Toujours tremblant quand il y touche, ses doigts se saisissent, s’imprègnent. Les couleurs vives accrochent son regard.

Et soudain, il a vingt ans. Ou plus ailleurs. Parfois même il ne parvient pas à remettre une date précise. Alors il s’assoit sur le sol, se concentre sur les détails, mais non, il n’y a rien. Ces visages sans nom le dévisagent sur le papier glacé, lui adressent leurs sourires éternels.

Comme contempler des inconnus ne lui dit rien, c’est son visage qu’il détaille. Ce visage de jeunesse qui s’est floutée, pense-t-il, entre les rides et sa beauté déchue. Chaque fois, il ne reconnaît rien, sur ces photographies. Il l’aimait bien pourtant, en ce temps-là, quand elle ne donnait pas l’impression de jauger son interlocuteur et qu’elle avait encore l’air échevelée des jeunes filles qui sortent à peine de l’adolescence.

Bien sûr, parmi sur les images, il arrive qu’elle soit plus élégante que d’ordinaire. Sur celle-là, par exemple, où elle pose avec ses deux sœurs. Elle n’a que quatorze ans. L’impression que c’est hier. Elle se maquille toujours ainsi aujourd’hui : le trait de crayon pour faire éclater la blancheur de sa peau, le mascara pour allonger le regard immense. L’ombrelle lustrée de sa frange ne lui dévore pas encore le front. Son bras droit tient la robe nacrée d’une jeune femme, plus élevée qu’elle sur ses talons hauts. C’est à elle qu’elle destine sa joie et le contour relevé de ses lèvres rosies sans artifices. L’appareil photo lui est indifférent, elle a les yeux rivés vers l’absent.

Et lui est d’un coup faible au milieu de la pièce quand cette personne se rappelle à son souvenir.

C’est de l’acide dans la gorge. Elle va se lasser, le laisser, retournera à Nantes comme la provinciale qu’elle est, dans une maison où il ne mettra pas les pieds, avec un homme plus beau, plus jeune que lui, un homme qu’elle épousera – pas lui. L’autre dont les contours lui sont si familiers qu’il a envie de pleurer.

Sur la photographie, c’est lui-même qu’elle contemple de côté. De ce point de vue, l’autre, c’est peut-être bien lui.

.

Lorsqu’il s’est assis à la table des enfants, il s’est senti comme un imbécile, avec son mètre quatre-vingt et son air trop sérieux. Pourquoi lui avait-on fait cela, il n’y connaissait personne, surtout pas ces cousins de dix ans de moins que lui qui jouaient tous ensemble et le laissaient sur le carreau. La mariée n’avait que deux ans de plus, il aurait pu… la colère lui fait perdre ses mots.

Elle arrive comme une fleur, et il y’a ce drôle de silence lorsqu’elle choit à ses côtés. Le Chanel un peu ancien que portait sa grand-mère embaume la pièce. Sans même l’avoir aperçu, il espère qu’elle restera ; une odeur pareille n’est portée que par une femme, n’est-ce pas ?

Dans le miroir, il la voit. Elle se tourne vers lui, ouvre grand la bouche pour se présenter. Je suis une cousine éloignée, affirme-t-elle, et sœur de la mariée. Aussitôt il comprend qu’il est à la bonne place, là où il devait être ce soir-là – avec ce bleu qui a brisé son silence. Le long du repas, ils ne cessent de parler, il rit beaucoup, elle approche son visage du sien. Beaucoup plus jeune que ses vingt ans, devine-t-il, sans que ce fait ne l’ennuie longuement. Il apprend qu’elle va au collège – elle ne précise pas en quelle classe – qu’elle habite à « Vertou, non loin de Nantes, je ne sais pas si tu connais, avec la Loire à cinq cent mètres de chez moi. » Dans son esprit, il s’imagine y vivre, dans ces contrées fantasmées, le bruit de l’eau qui se cogne aux roches comme seule musique et la terre comme unique compagnie.

Ses mains virevoltent lorsqu’elle parle de sa voix cassée, et elle porte ce sourire innocent qui va le pousser, dans quelques instants, à la désirer.

.

Pas si innocente que cela, observe-t-il à la fin du dîner, quand ils décident de voler une bouteille de rouge au nez et à la barbe des parents. Les verres s’enchaînent, puis le flot rouge coule directement jusqu’à leur gorge.

Elle ne paraît pas plus habituée que lui à l’alcool. Comme deux imbéciles, ils tanguent et rient et tombent sur l’herbe humide, grisés par les vapeurs de l'alcool.

C'est une belle soirée d'été.

.

Et le moment arrive. Ils admirent le ciel dans le jardin du château, à l’heure du crime quand, par hasard, ses doigts se posent juste sur les siens. Il compte une, deux, trois secondes, durant lesquelles elle ne cherche pas à interrompre le contact, puis lentement, il escalade son poignet. Ô, ils ne se regardent pas, ils n’osent pas tandis que, millimètres après millimètres, leurs corps se rapprochent.

Et la nuit tout autour, les étoiles au-dessus. Et son rire partout, son rire toujours, qu'il croyait rêver dans des contours flous.

«-T'es belle, comme ça. C'est frappant.»

Son silence plus fort encore.

«-Comme tu viendras me voir, chez moi, comme ce sera bien.»

Ses cheveux volent au vent. Un baiser aérien se pose sur ses lèvres glacées par la bise du soir.

«-Petite voleuse.»

De nouveau sur ses lèvres.

«-Petite emmerdeuse.»

A bout de souffle.


.


«-Dis moi la vérité : quel âge as-tu ?
-Dix-huit ans ?
-Pour de vrai.
-Je viens de fêter mes quatorze ans.»

Il passe une main dans ses cheveux mi-longs, les caresse, un sourire aux lèvres.

«-Quatorze ans... C'est jeune.
-Cela t'ennuie ?
-Pas du tout, répondit-il, et pour la faire taire l'embrasse.»


.


Ils se sont quittés et se sont promis de s'écrire.
La poste a longtemps fait grève.
Il a fini par renoncer.

.

Elle, sur le quai d'une gare, comme dans un cliché d'au revoir. Elle a acheté un chapeau, un de ses amis a dû lui conseiller. Le chapeau d'homme souligne ses formes féminines. Dans un instant le jeune homme va pleurer à en mourir, pas de suite, la fierté l'en empêche.

Le centre-ville de Nantes est vide pour un samedi après-midi, alors ils se promènent près du fleuve. Aucun d'eux ne dit rien - puis il lui explique qu'il ne l'oublie pas.

.

Béryl, pour ce qu’il en sait, il l’a aimé follement.

Elle lui a dit que ce n’était pas suffisant.

.

Merci d'avoir lu !

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chachaABC
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MessageSujet: Re: La fille du vent   La fille du vent EmptyMar 30 Oct - 23:40

Bonsoir,
Quand j'ai vu que tu avais finalement posté, je n'ai pas pu résister à l'envie de venir voir ça, et je ne suis pas déçue du détour.
D'abord j'aime beaucoup l'écriture, je trouve ça très fluide, ça se lit absolument tout seul. Tes phrases sont belles, relativement courtes ce qui donne envie de lire la suivante et puis ton style à quelque chose de vraiment accrochant d'authentique (ne me demande pas d'expliqué pour quoi, une impression personnelle Wink ). Bon j'ai vu une ou deux maximum, tournure de phrase maladroite, mais ça je pense que c'est dut à une correction d'une phrase sans avoir totalement modifié le tout, ou une erreur de tape, rien qu'avec une relecture elle disparait Wink .
Ensuite l'histoire. J'aime bien cet idée de vague, qu'on redécouvre le passé en même temps que le personnage, ça nous plonge de suite intégralement dans l'histoire, ce qui est plutôt pratique pour une nouvelle vu sa durée ^^. L'absence de gros détails joue aussi beaucoup, je trouve que c'est une bonne idée de n'axer que sur les grandes idées, et les détails très importants, ça permet une fluidité et une légèreté du texte qui est toujours on ne peut plus appréciable.
Ce que j'ai trouvé le plus sympa dans ton écrit, et là je sais que c'est une impression personnelle mais je trouve qu'il y a un petit gout genre rétro. On dirait (enfin je dirais ^^' ) que c'est déjà une histoire qui date un peu. Je m'imagine aisément que ce sont des photos encore en noir et blanc (idée stupide vu le « couleurs vives »), que l'homme est déjà un peu âgé, je citerais bien cette histoire au siècle dernier, à l'époque de Marilyn Monroe, quelque chose comme ça. Je suis peut être totalement à côté de la plaque, mais j'aime bien cette idée. Et puis je m'y conforte dans cet oubli que l'homme développe, peut-être dû à son âge mûr (?), et puis au manque de détails. Bon je me doute bien que ce n'était pas une impression voulue, certains petit détails ne trompent pas, mais j'aime bien cette impression ^^
Je dois t'avouer que ton petit "avant propos" m'a fait un peu peur... du genre "bon dieu dans quoi je me suis embarquée Surprised ?! Qu'est ce qu'elle va nous faire Surprised ?! " et au final j'avoue ne pas avoir totalement saisit pourquoi ces précisions... Bon c'est vrai que ce n'est pas "politiquement correcte", mais ça met une petite touche d'originalité, et puis comme je l'ai dit je trouve que ton écrit à quelque chose d'un peu ancien, or ce fut longtemps loin d'être mal vu. Et puis ça peut tout à fait être vu comme une manière de dénoncer ce genre de pratique (je suis sûre que si ce texte tombe dans les mains de certains professeurs de français ils arriveront à nous trouver une signification de ce genre !) Enfin bref, à moins d'être en présence de quelqu'un ayant l'ouverture d'esprit d'une huitre bouillie, il n'y a rien de totalement choquant dans cet écrit dans la mesure ou ça reste juste un écrit, pour moi il n'y a pas à crier au loup ^^... ou alors je suis une psychopathe...mais dans ce cas dites le moi de suite, je vais à l'hôpital psychiatrique le plus proche de ce pas !
Bon en ce qui conserve son achèvement, il est vrai que ça laisse un arrière gout de pas fini, pour autant je voit mal ce qu'il y a à dire de plus, et puis je pense que comme fin ouverte c'est carrément superbe ^^ donc moi je serais assez d'avis pour dire qu'elle n'a pas besoin d'être plus aboutie, de toute manière tu es suffisamment vague dans tout l'écrit, pour que cette fin un peu volée ne gène pas de mon point de vue.
Bon je crois que je vais m'arrêter là, je n'avais pas prévu de m'étendre autant dans un avis qui n'aide pas beaucoup, j'en suis désolée, je suis assez nulle pour trouver ce qui cloche, je repère mieux ce qui va Wink
Bonne soirée ^^
chacha
PS : ah oui aussi : le titre : j'adore !!! super bien choisi et très accrocheur !
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Lena S.
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Lena S.


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Date d'inscription : 11/10/2012

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MessageSujet: Re: La fille du vent   La fille du vent EmptyVen 16 Nov - 0:11

Le temps que je mets pour te répondre est proprement effrayant - pardonne-moi.
Tout d'abord un grand merci de m'avoir lu et surtout commenté ! Je vais énoncer une évidence, mais un auteur n'est rien sans lecteurs. Sans cela il ne pourrait très clairement pas s'améliorer et c'est grâce à des personnes comme toi que la qualité des fictions va se rehausser Very Happy Et c'est ce qui me fait adorer la publication sur Internet depuis mes onze ans, le fait d'avoir un vrai retour sur mes écrits.

Bref, je cesse là mes tergiversions ! Je travaille effectivement sur la fluidité de mon texte, sur les sonorités aussi (cela ne s'est pas vu je crois mais de manière plus générale) : j'essaie de rendre mes écrits 'naturels'. J'ai longtemps eu un style lourd, alambiqué, mais je n'étais malheureusement pas Proust - cela donnait un effet pédant que l'on m'a souvent reproché. Depuis, je me dis que "less is better"...

Pour mes tournures de phrases maladroites, ça m'intéressait de savoir lesquelles parce que je n'arrive pas à relire mes textes immédiatement, c'est une horreur de s'y remettre. Et même, je n'arrive pas à remarquer après relecture...

Pour l'histoire, j'ai conscience d'être sur du vide. Mais le thème du passé m'est très important et je voulais que le héros soit plus âgé pour qu'on sache ce qu'il s'est passé après, pour pouvoir terminer sur une note amère. Je voulais qu'il y'ait un regret de la part du narrateur. Quant au flou, il est volontaire : qui possède une mémoire parfaite des événements ? Dans mon esprit, on voit des quelques détails précis aux milieux de grands traits... Je ne sais pas si c'est clair mais je pense que c'est universel.

Le côté rétro je crois que cela vient de la manière dont j'ai imaginé le récit. Pour tout te dire je n'ai pas donné d'âge à mon personnage - c'était même Béryl qui racontait dans ma première version. Je ne l'ai pas non plus situé dans le temps.

Je pensais à une famille un peu traditionnelle, encore engoncée dans ses principes et pour qui l'idée d'aimer une cousine n'est pas particulièrement choquante. D'ailleurs si tu remarques, la soeur de Béryl se marie relativement jeune... Donc ton idée de rétro est très loin d'être idiote ^^


Pour l'avant propos, je le précise depuis qu'on m'a fait toute une histoire sur un site parce que j'avais mentionné que deux adolescents couchaient ensemble (très choquant) dans un one-shot. Depuis je prends mes précautions. Et aussi parce que je pense que la différence d'âge peut gêner certains (j'ai des amies très très peu ouvertes à ce genre de choses). Pour ma part je ne dénoncerais pas ce genre de pratiques dans ce texte, à vrai dire ce n'était même pas le but et c'est vrai qu'il était inutile de préciser cet avant propos ...

(Viens, allons dans l'hôpital psychiatrique le plus proche Very Happy Les messieurs en blanc sont gentils m'a-t-on dit Very Happy)

Ton commentaire était déjà très instructif, merci beaucoup encore !! ^^
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